L’œuvre exposée ici constitue une étude préparatoire de la sculpture sur pierre de Bourgogne réalisée pour les espaces du CIAP au sein de la nouvelle Cité de la Gastronomie et du Vin de Dijon et dévoilée lors de son inauguration en mai 2022.

Au sujet de la sculpture, Fabien Merelle a ces mots :
« L’image s’est imprimée en moi après ma première visite sur le futur site du CIAP, après avoir interrogé ceux qui aimablement me firent découvrir le lieu. Elle ne m’a plus quitté depuis. Un enfant de dos. Un enfant d’aujourd’hui, comme plongé vers cet ailleurs minéral. Notre enfance, regardant à travers les strates et le temps long, l’enfance du monde. L’une des deux stèles est lisse, comme une feuille. C’est la matière transformée par nos soins, façonnée pour bâtir. Elle est ici le réceptacle d’un dessin, comme toujours la pierre le fut. Cette matière, on oublie qu’elle est matière. Elle porte notre empreinte, coupée droite par une machine, comme une motte de beurre. L’autre est brute, telle qu’elle est dans la carrière, exceptée la terre qui la recouvrait. Je veux qu’on la découvre ainsi, cette roche de Massangis, de pierre de Bourgogne. Celle-là même qui jonche le sol et les murs de Dijon. Je veux qu’on la voie dans sa beauté pure, un morceau de paroi, un fragment de paysage. Ce relief que toute la science d’un sculpteur ne saurait reproduire, la Terre le façonne à force d’eau, de vent, de sédiment. Le lieu qui reçoit ces deux stèles fut créé pour recueillir les enfants abandonnés il y a huit siècles de cela.
Je l’aurai en tête en dessinant, comme si ce rectangle de 180 par 70 était une porte, où une fenêtre ouverte sur nos aïeux, sur nos contemporains, pour parler simplement d’enfance. De ces commencements que sont nos premières années, de cette richesse, de cette fragilité, de cette puissance quand on l’invoque une fois révolue, de cette nécessité de la protéger autant que possible. Cet enfant c’est le mien, c’est ce que j’ai de plus précieux et que sans doute je peindrai avec le plus d’humanité. Cet enfant je l’espère c’est aussi le vôtre ou celui que vous furent dans ce qu’il a d’universel. »
Crédit Photo : Fabien Merelle