
Élodie ARMATA
Je m’intéresse dans ma pratique aux étapes de transformation du passage du réel au signe pictural, à la peinture.
Pour en venir à mon travail, il faut d’abord s’attarder sur le point de départ de nombreuses créations : l’observation.
C’est dans ma pratique quotidienne de la marche, accompagnée de ma chère camarade canine, que je puise mes ressources. A partir de là, les moments et détails de mon environnements qui ont attiré mon attention vont subir des transformations, allant du dessin, comme recueil du souvenir, en passant par l’outil numérique jusqu’à arriver à la peinture.
Je quitte par là toute figuration pour atteindre une essentialisation des scènes dans mes traits qui me parait suffisante et qui par ailleurs, rend ces moments ou détails de mon environnement plus énigmatiques, voir évènementiels. En faisant cette simplification, de la scène du réel au dessin, mon langage traduit de comment je m’imprègne du moment et de comment, des éléments présents, j’en prélève l’essence. C’est comme une digestion. J’aborde dans mon travail des formes organiques, avec une peinture qui entretient un équilibre entre le lisible et l’illisible. Entre abstraction et figuration.
Ma chienne, motif récurrent dans ma peinture, prend une place importante dans mon travail, notamment à travers nos errances communes. Si je peux aborder différents sujets, les pièces les plus récentes sont axées sur nos promenades.
Côtoyer ma chienne me pousse à essayer de comprendre au mieux son langage. Ce qui m’intéresse dans les éléments que je retranscris dans mes peintures, allant de simples formes croisées sur le sol, à un combat que ma chienne aurait pu avoir avec une mouche pendant quelques secondes, c’est que ce sont des banalités qui nous sont pour la plupart du temps Invisibles. Invisibles, tout comme ces milliers d’informations que ma chienne capte parfois au bout d’un petit brin d’herbe qu’elle prendrait le temps d’étudier pendant plusieurs minutes, et qui sont totalement abstraites aux humains. Ma chienne m’apprend à prendre le temps, et à m’attarder sur les choses, parfois à première vue insignifiantes, et pourtant d’une grande richesse.